Un passé jamais vécu
A lire « un passé jamais vécu », une interrogation taraude, pourquoi ce titre, paradoxal, énigmatique.
«Ce que l'on vit là-bas, ce que l'on voit ici», quelque chose va se jouer là, dans cet espace-temps.
L'exposition de Cecilia Moreno Ruiz est un journal intime, composé de dessins accompagnés des photographies - envoyées par sa famille via Whatsapp - qui montrent des paysages, des événements et des scènes familiales mexicaines. La sélection des photographies s'étend de 2020 à aujourd'hui; elle débute par la période où la crise sanitaire liée au covid 19 a entrainé une rupture, modifiant radicalement le lien familial, interpellant l'artiste en lui posant la question «comment désormais être relié?».
Ce sera grâce aux photographies, choisies dans une réalité familiale qui lui est inconnue. C'est en extrayant dans ces photographies, un détail banal, intuitif, mais constitutif d'un sujet, que l'artiste trouvera le point d'invention d'un souvenir, fondateur de l'œuvre à venir.
L'imprégnation d'un passé jamais vécu dans le présent de l'artiste.
Dans ce travail, il y a une attention particulière pour relier les vies, soigner la séparation imposée. Par le biais de la création, la réalité familiale lointaine sera réinterprétée par l'artiste.
L'exposition propose un regard sur une vie quotidienne, sur les interactions humaines via les échanges en ligne, une remémoration du commun qui évoque la distance, le vide, l'absurdité, la joie, la sérénité, les sentiments d'une vie absente qui se revitalisent par la création.
Le propos se veut à la fois réaliste et surréaliste, le travail d'appropriation des images d'un passé jamais vécu s'articule autour de photographies retouchées au pastel, de dessins.
L'exposition, conçue au travers d'une installation textile semi-transparente invite à vivre une expérience immersive, à deviner les éléments du récit par la déambulation. Lever le voile et lever la voile, deux actions étroitement mêlées, révéler et voyager ou inversement, et ce, du Mexique à la France, tout l'art de Cecilia Moreno Ruiz est là, avec en suspens la part de mystère que porte inévitablement voilement et dévoilement.
Collectif Alter-Art